Sectes et santé :

Les rapports entre sectes et santé sont divers et varies. Je vais ici accentuer mon propos sur des personnes qui sont des professionnels de la santé exerçant dans le domaine "psy".

De nombreux psychothérapeutes, n'ayant ni diplôme pour être psychologue, ni diplôme pour être psychiatre, se dénomment psychothérapeutes. En fait, il ne s'agit pas d'un titre protégé et n'importe qui peut se dire psychothérapeute, acheter une plaque (compter environ500ff) et ouvrir un cabinet.

je conseille donc la plus grande méfiance concernant les psychothérapeutes. Certains sont formes par des personnes compétentes, d'autres pas du tout. Dans ce cas, demandez quelle est la formation ou les formations, par qui sont-elles reconnues ??? Bien souvent, le cote sectaire est sous jacent et on voit des personnes qui se cautionnent les unes les autres. En apparence, il n'y a aucun lien entre elles, mais en recherchant, on voit apparaître des associations satellites qui regroupent ces individus.

Il faut dire que le marché est juteux et les proies faciles puisqu'en général, les patients sont dans un état de faiblesse psychique. Comment imaginer qu'un individu lambda demande le CV du thérapeute ? Il fait confiance, peut être en a t il entendu du bien, car les personnes qui sont dans des sectes, sont assez fortes pour cela, elles séduisent….Les techniques utilisées par ces gourous thérapeute sont assez proches de celles d'un psychologue ou psychiatre, mais a une nuance de taille : la finalite.

Un psychologue ou un psychiatre a comme finalité de permettre à son patient de recouvrer une autonomie, alors qu'un gourrou-therapeute, préfère assujettir l'individu en accroissant la dépendance. Etant en lien bien souvent avec d'autres, ces psy se renvoient les patients (alimentant au passage leurs cagnottes).

Certains utilisent même ces patients pour tester leurs méthodes, les développer, les perfectionner et ainsi manipuler de façon plus rapide et plus efficace les autres futurs adeptes.

Des psychothérapeutes forment même leur propre école ou ils vont former des gens (ce qui une foi encore apporte des sous...), leur imposant parfois une supervision faite par des membres du groupe (pas folles les guêpes..).

Malheureusement, je dois dire que le titre est une première barrière qui permet déjà d'éliminer bon nombre de ces gourrous-psy, mais certains psychologues et psychiatres se laissent entraîner dans ce système. Dans ces conditions, il faut se référer au Syndicat National des Psychologues, ou a l'Ordre des médecins. En cas de doute sur un "psy", lorsque des choses vous semblent étranges, que vous vous y sentez mal, demandez conseil a votre médecin généraliste, a l'ADFI, au CCMM, etc…

Faites attention également aux formations, et aux cours de relaxation, yoga, techniques nouvelles de ceci ou de cela, meditations,etc….

. Soyez prudent et informez-vous auprès de personnes compétentes.(L'ADFI vous répondra toujours ou se renseignera).

Une personne avertie en vaut 2, n'ayez jamais honte de questionner votre interlocuteur et s'il ne veut pas vous répondre ou qu'il détourne les questions…fuyez !!! ne revenez jamais en vous disant je vais essayer de comprendre car je n'avais pas compris la première fois, ce serait le meilleur moyen de vous retrouver pris à votre insue, ces gens sont très forts sous leur allure gentille, ne le perdez pas de vue

Extrait du rapport no 1687 de l'assemblee nationale :

C.- LE SECTEUR DE LA SANTÉ

La présence de mouvements sectaires dans le domaine de la santé est un phénomène déjà ancien. En effet, les activités guérisseuses, les médecines parallèles se déploient souvent dans une atmosphère de mystère et d'ésotérisme qui présente bien des analogies avec celle des sectes. Un gourou est toujours plus ou moins guérisseur. Les personnes fragilisées par de gros problèmes de santé constituent assez naturellement une clientèle potentielle.

Sont en revanche relativement nouveaux et représentatifs de la poussée sectaire dans l'économie, d'une part l'infiltration du milieu médical, d'autre part le développement de la fabrication et de la vente de produits paramédicaux.

Ce secteur et l'influence économique que les sectes y ont acquises, représentent des enjeux financiers de taille. La santé est en effet devenue un marché en plein essor, notamment grâce à l'augmentation de l'espérance de vie.

Après avoir pris la mesure du phénomène, la Commission s'est attachée à rechercher les moyens de le combattre plus efficacement.

1.- L'ampleur du phénomène

Le mouvement sectaire tend à parasiter l'offre de soins, en s'efforçant de pénétrer les réseaux de professionnels de la santé, avant tout des médecins, et en investissant les secteurs dont la clientèle est la plus vulnérable, comme celle des toxicomanes et des personnes atteintes de maladies graves et évolutives.

a) Le recrutement sectaire

Selon l'Ordre national des médecins, environ 3 000 praticiens auraient aujourd'hui en France des relations avec un mouvement sectaire, mais ce chiffre doit être interprété avec prudence. Les liens entretenus sont en effet extrêmement divers, allant du sympathisant occasionnel à l'adepte fortement impliqué.

Comme le relève à juste titre le Conseil de l'Ordre : " dans le processus général de recrutement des adeptes, l'entrée d'un médecin dans une secte n'a rien de particulier : personnalités fragilisées, stressées, parfois déprimées, affectées par l'impuissance ressentie de leur pratique face à la misère et à la mort, en l'absence d'idéal... ".

Une partie, bien sûr minoritaire mais cependant significative de la population médicale, paraît aujourd'hui en proie à des doutes, où se mèlent difficultés économiques et financières et difficultés psychologiques qui ne sont pas sans rapport avec des drames tels que ceux de la drogue ou du Sida. Les médecins sont d'abord séduits par la qualité d'écoute et la chaleur humaine des membres des sectes.

Après une phase d'observation, suivie d'une phase de persuasion, le médecin peut devenir adepte et lui-même agent recruteur, vis-à-vis de son entourage, mais surtout vis-à-vis de ses patients et de ses confrères ou des membres d'autres professions de santé.

Les complicités entre pratiques sectaires et exercice médical sont le plus souvent camouflées. L'Ordre national distingue les médecins " consultants " à qui sont adressés des adeptes potentiels pour confirmation et prescription d'un traitement, ou plus fréquemment d'une " méthode " dispensée par un mouvement sectaire, et les médecins " sympathisants " qui cautionnent discrètement mais activement des pratiques sectaires.

La participation des médecins consiste en effet, pour l'essentiel, à prescrire ou à utiliser directement des produits " thérapeutiques " présentés sous une forme nécessairement différente des médicaments, qui seuls ont fait l'objet d'une autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette prescription donnerait souvent lieu au versement de commissions aux médecins prescripteurs, pratique pourtant rigoureusement interdite par l'Ordre national.

L'intervention des sectes dans le domaine de la santé s'opère ainsi par deux voies distinctes mais qui, naturellement, peuvent être combinées :

- la voie directe est l'entrée dans une secte guérisseuse pour y bénéficier de ses " traitements " ;

- la voie indirecte est celle de l'intermédiation médicale qui conduit le patient vers des pratiques sectaires, de degrés très divers : du simple achat de substances consommées à titre individuel, au suivi, sur le conseil du médecin, de stages de bien-être et de remise en forme.

L'un comme l'autre exigent, en amont, la présence d'une sorte d'industrie parallèle de soins pseudo-médicaux et de fabrication de produits. Cette industrie paraît connaître aujourd'hui des développements non négligeables.

b) Une industrie parallèle de soins

Au cours de ses investigations, la Commission a repéré plusieurs mouvements ayant une activité pseudo-médicale particulièrement importante et disposant notamment de structures filiales servant à commercialiser des produits ou des services.

Ces mouvements ne sont pas nécessairement à classer dans la rubrique des sectes guérisseuses pour deux raisons :

- certaines sectes guérisseuses ne s'appuient pas sur une activité économique en dehors des séances qu'elles organisent pour leurs adeptes ;

- d'autres mouvements ont considérablement développé leur présence dans ce que l'on pourrait appeler le domaine " péri-médical ", c'est-à-dire celui des thérapies non éprouvées et des méthodes diverses prétendant apporter un bien-être corporel, sans pour autant réduire la part de leur objet principal, qui ne se situe pas dans la mouvance guérisseuse.

Parmi les organisations sectaires que la Commission a examinées plus particulièrement, certaines ont des activités médico-sociales et pseudo-pharmaceutiques particulièrement importantes. D'autres, jusqu'alors moins structurées dans le domaine de la santé, s'efforcent d'acquérir, par ce secteur, une clientèle plus large.

. Les groupes les plus marquants

. La Scientologie paraît s'être en partie spécialisée dans le traitement, l'accompagnement et la réinsertion des toxicomanes à travers ses centres Narconon.

Ces centres ont diffusé d'abondantes publicités auprès des médecins afin de promouvoir leurs actions de prévention et de réhabilitation des toxicomanes en utilisant les techniques préconisées par Ron Hubbard. L'association " Non à la drogue, oui à la vie " participe à cette démarche qui consiste essentiellement, après des phases de sevrage et d'élimination des " résidus ", dans des cours et études comprenant des étapes successives, comparables au processus du parcours initiatique de la Scientologie : étape 6, éthique ; étape 7, changement des conditions dans la vie ; étape 8, le chemin du bonheur.

Des infiltrations de structures de santé dans le domaine de la psychiatrie, notamment des institutions de soins, ont été tentées par la Commission des citoyens pour les droits de l'homme, autre émanation de la Scientologie. L'activisme de la secte dans ce domaine a justifié une mise en garde officielle de la part de la Direction générale de la Santé, par note du 27 mai 1997.

Les pratiques médicales de la Scientologie et le rôle joué par certains médecins au sein de cette organisation ont retenu l'attention de la justice. Le tribunal correctionnel de Besançon a établi, dans un jugement du 7 mai 1997, qu'un médecin scientologue, le docteur Joseph Hélou, avait organisé une vaste escroquerie aux dépens des adeptes de la secte. Ce délit a été confirmé par un arrêt de la Cour d'appel de Besançon en date du 7 janvier 1998 :

(...) " profitant des problèmes de santé rencontrés par certains de ses patients fragiles en raison de troubles psychologiques, Joseph Hélou, soit à son cabinet, soit lors de visites à domicile indiquait à ses malades que la médecine traditionnelle ou homéopathique n'était pas adaptée à leur cas et proposait de la guérir par la " Dianétique ", leur proposant des ouvrages sur cette doctrine et des stages payants organisés soit chez lui, soit à Paris, achats et prestations de services sur lesquels il percevait un pourcentage. ".

Les méthodes scientologues ont été particulièrement bien décrites par un autre attendu de cet arrêt :

" Joseph Hélou faisait naître des espoirs chimériques de guérison ou de bien être ce que les victimes ont qualifié de " nulle ", les auditions consistant notamment à écouter et faire parler le patient pendant une heure ou au contraire à garder le silence, alors qu'il percevait des fonds lors de la vente des livres, des " auditions " réalisées soit dans son cabinet soit à son domicile et des rétrocessions versées par la scientologie parisienne lors de stage suivi par l'un de ses clients ".

Le docteur Hélou a été condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis, une amende de 150.000 francs et une interdiction de droits civiques, civils et de la famille pendant cinq ans. Il avait fait l'objet, en 1990, d'une interdiction temporaire d'exercice de la médecine pour trois ans, sanction prononcée par le Conseil de l'Ordre des médecins.

Par ailleurs, la Scientologie contrôle quelques activités de fabrication et de vente de " produits nutritionnels vitaminés ", notamment à travers le laboratoire " Philippe de Garrigues et Family - Créateurs d'enthousiasmes ".

L'attention de la Commission a été attirée sur une saisie en 1993 de nombreuses substances médicamenteuses prohibées, introduites en France depuis l'Andorre par un homme d'affaires appartenant aux milieux scientologues. Ce dernier avait auparavant procédé à la liquidation d'une société spécialisée dans l'importation de poudre d'algues, et détenait des intérêts dans une autre société diffusant des produits parapharmaceutiques, diététiques et d'hygiène.

Au demeurant, les produits paramédicaux jouent un rôle très important dans les cures de purification proposées par la Scientologie. Outre les cours de dianétique, ces dernières comprennent en effet l'administration de doses importantes de vitamines, entrecoupées de séances intensives de sauna. Le caractère néfaste de ces pratiques a été établi par l'arrêt de la Cour d'appel de Lyon. M. Jean-Jacques Mazier, dirigeant de l'Eglise de Scientologie de cette ville, a en effet admis que Patrice Vic avait pris des vitamines dont, selon l'expertise réalisée au cours de l'instruction et dont les conclusions sont reprises par la Cour dans ses attendus, " la consommation à doses excessives, conjuguée avec les autres techniques utilisées en Scientologie, était de nature à favoriser l'apparition de troubles mentaux confusionnels ".

La place occupée par ces produits dans les cures a incité la Scientologie à tisser des liens avec certaines pharmacies. La Commission a notamment eu connaissance d'un bon de commande émanant d'une officine implantée dans l'Est de la France qui proposait l'achat de vitamines et d'autres préparations spécifiques pour parcourir certaines procédures d'audition, élaborées selon les directives de la Scientologie.

. Dianova, qui a succédé au Patriarche, continue d'entretenir des relations suivies avec le monde médical.

On sait que Le Patriarche gérait plusieurs maisons d'accueil pour toxicomanes et avait bénéficié, pendant plusieurs années, d'une reconnaissance officielle et de fonds publics. De nombreux médecins avaient adressé, en toute bonne foi, des malades dans ces établissements, avant que le caractère sectaire des activités de l'association soit avéré.

Les méthodes thérapeutiques du Patriarche et les conditions dans lesquelles il a acquis un important patrimoine ont été dénoncées par la Cour des Comptes qui lui a réservé plusieurs observations dans son rapport de juillet 1998 sur le dispositif de lutte contre la toxicomanie. La Cour a notamment relevé d'importantes infractions à la réglementation. Elle a noté, en premier lieu, la présence anormale et excessive de personnels sans qualification reconnue chargés de dispenser des soins et de distribuer des médicaments, tâches que les textes réservent aux seuls infirmiers diplômés d'Etat et aux préparateurs en pharmacie. Par ailleurs, les conditions de prise en charge des personnes accueillies n'étaient pas conformes, elles non plus, à la réglementation, puisque la gratuité des soins et l'anonymat n'étaient pas respectés et que les deux centres situés en Haute-Garonne sur lesquels les magistrats financiers ont centré leurs contrôles n'étaient pas inscrits comme établissements médico-sociaux.

En succédant au Patriarche, Dianova a hérité d'un patrimoine immobilier important (d'une valeur totale estimée à près de 100 millions de francs). Elle gère deux centres de soins aux toxicomanes, généralement jeunes et à faibles revenus (la secte continuerait à s'approprier les allocations de RMI que touche une partie des pensionnaires) et des centres de soins aux malades du Sida, regroupés dans l'Association des droits et devoirs des positifs et porteurs du virus du sida (ADDEPOS). Une autre émanation de Dianova, La main tendue, aurait contacté des médecins très récemment.

. La mouvance Energo-Chromo-Kinèse (ECK)

Elle comporte deux branches depuis la séparation du gourou et de son épouse.

La première s'appuie sur un réseau d'une soixantaine de médecins, implantés sur l'ensemble du territoire français et pratiquant la méthode ECK. Ces médecins suivent une formation en cinq étapes (qui n'est pas sans rappeler le système de la Scientologie), chacune étant facturée entre 2.000 et 4.500 francs la session.

Les premiers stages restent à dominante pseudo-médicale. En revanche, au cour des stades ultérieurs du parcours, l'adepte est introduit dans les arcanes de l'Ordre templier où il apprend, entre autres initiations, à " voler en corps astral avec des extra-terrestres ". Par ailleurs, l'Energo-Chromo-Kinèse est propagée sous la forme d'une méthode de management auprès d'entreprises ou d'écoles.

Les médecins ECK prescrivent les oligo-éléments fabriqués par le laboratoire PHARAL, qui est directement contrôlé par la secte.

La deuxième branche issue d'ECK contrôle également un autre laboratoire de même nature : la société NEOM (Nutrition énergétique des organes et méridiens) qui vend aux médecins des collections de produits nutritionnels et énergétiques.

ECK comprend par ailleurs :

- une association offrant des prestations et vendant des produits visant à supprimer le stress et le tabac ;

- une association chargée d'assurer auprès des professions de santé la promotion des techniques médicales et d'hygiène alimentaire du mouvement.

. le mouvement IVI (Invitation à la Vie) organise pour sa part des séminaires (facturés 3.000 francs le week-end) destinés principalement à des médecins, auxquels on inculque les techniques de séances vibratoires et d'harmonisation des énergies.

La secte a été fondée par Mme Yvonne Trubert qui prétend détenir un pouvoir de guérisseuse, et initie depuis plusieurs années à l'ésotérisme et à l'occultisme. Notamment, elle persuade ses patients que les métastases s'envoleront sous les doigts des adeptes initiés par ses soins. En 1994, un membre de la Faculté de médecine de Paris assurait la vice-présidence de l'association.

Un colloque, organisé à Séville en 1994 sous l'égide d'IVI sur le thème " L'Homme, la terre, la vie. L'harmonie retrouvée ? ", a réuni plusieurs dizaines d'intervenants issus de différentes régions du monde. Parmi les Français, on a pu relever la présence de plusieurs personnes qui se présentaient comme médecins (gynécologue-obstétricien, chirurgien-plasticien, homéopathe, pédiatre), chirurgiens-dentistes, ou exerçant une activité scientifique (" géobiologue ", biologiste). Un intervenant excipait de son titre de " Conseiller en éducation au Ministère de la Santé ".

. l'Instinctothérapie

Créé par M. Guy Claude Burger, ce mouvement guérisseur diffusé par différentes structures prône une méthode alimentaire spécifique : manger cru, végétalien et seulement ce dont on a envie. Cette secte a accueilli dans son centre de Montramé plusieurs personnes souffrant d'affections graves et notamment de la sclérose en plaques.

M. Burger a été condamné, par un arrêt de la Cour d'appel de Paris en date du 21 janvier 1997, à 3 mois de prison avec sursis pour escroquerie et exercice illégal de la médecine. Son recours en cassation a été rejeté le 30 avril 1998.

. les associations " Stop au Cancer " et AUBE, à laquelle a succédé " Joie de Vivre ", assurent la promotion des théories médicales du Dr Hamer, médecin autrichien, qui préconisait de soigner le cancer en rompant avec toutes les thérapies expérimentées jusqu'ici et notamment la chimiothérapie. Le Dr Hamer a été condamné, en Allemagne, en 1997, à un an et sept mois de prison ferme.

Créée en 1995, l'association AUBE comptait un adepte, chirurgien à l'hôpital de Saint-Quentin, qui arrêta, au sein même de cet hôpital, les traitements anti-cancéreux pour les remplacer par des " fleurs de Bach " (1), produites par AUBE, et qu'il vendait à son profit, dans l'établissement.

Ce médecin avait parallèlement développé un réseau de psychothérapeutes sans aucun diplôme (l'un d'eux était responsable d'une entreprise de nettoyage) qui facturaient leurs consultations, elles-mêmes susceptibles de combattre le cancer, 600 francs et plus.

Le médecin a été suspendu d'activité par l'Ordre régional des médecins mais il reste, administrativement, personnel hospitalier, détaché auprès du ministère des Affaires étrangères et en poste dans un pays africain.

D'autres exemples de médecins adeptes de sectes ont été portés à la connaissance de la Commission. Ainsi, un ophtalmologiste, membre du Mouvement raëlien, était jusqu'en 1992 chef de service au centre hospitalier de Roanne. Il est en disponibilité depuis 1994.

. Des mouvements ayant des activités annexes dans le secteur de la santé

. l'Institut et le Centre de Recherche HUE (Human Universal Energy) prônent, depuis 1994, une médecine nouvelle fondée sur les thérapies par l'énergie humaine et organise des stages d'initiation à la guérison, y compris des maladies incurables, comprenant, ici encore, plusieurs niveaux avec des tarifs progressifs. Une dizaine d'associations en France appartiennent à ce mouvement. Le mouvement Spiritual Human Yoga France (SHY) qui lui a succédé comporte deux structures à vocation thérapeutique, l'une fabriquant des produits pharmaceutiques (le laboratoire SEPORGA) et l'autre dispensant des stages de médecine énergétique (SEVA 17 Energie).

L'importance des activités exercées dans les Hautes-Pyrénées par un réseau lié à HUE a récemment attiré l'attention de la justice. Par l'intermédiaire d'une association, le Centre de recherche sur l'énergie humaine (CREHU), créée à l'instigation de M. Luong Minh Dang, fondateur du mouvement, ce réseau a dispensé l'enseignement de l'énergie universelle et, par l'intermédiaire d'un médecin inscrit au Conseil de l'Ordre, prescrit les soins prônés par la secte, dont certains ont été pris en charge par la Sécurité sociale, le praticien ayant une fâcheuse tendance à confondre ses activités professionnelles avec son action de prosélytisme. Les adeptes du CREHU étaient bien souvent des personnes malades du Sida, du cancer ou de la sclérose en plaques.

. l'association " Au C_ur de la Communication " (ACC) prétend collaborer avec des chercheurs de haut niveau dans le domaine de la santé. Elle aussi guérit le cancer et le Sida, grâce à des séminaires où l'on apprend comment maîtriser sa vie et son corps, et à la commercialisation d'élixirs, comme le 714X vendu 1.000 francs la bouteille de 10 cc.

Ces séminaires rassemblent des malades et des professionnels de la santé.

ACC a par exemple organisé un stage de " psycho-neuro-immunologie " destiné notamment à des " médecins, thérapeutes et professionnels de la santé et de la relation d'aide ". Les enseignements étaient dispensés par Mme Claire Nuer, fondatrice du mouvement, qui se présentait comme thérapeute et par le docteur Carl Simonton, cancérologue, directeur médical du Simonton Cancer Center, en Californie. Créateur de la " méthode Simonton ", ce dernier prétend prendre en charge psychologiquement les malades du cancer. Ce stage avait pour objectif d'" apprendre à maîtriser la dimension psychologique et émotionnelle, dans les relations soignants/malades, parents/enfants, les rapports hiérarchiques, les études, le domaine familial et professionnel (...et) favoriser ainsi des transformations en profondeur, notamment face aux difficultés, aux situations de crises, aux maladies ".

. Prima Verba, et plus particulièrement ses satellites, ont très fortement investi le secteur de la santé, dans lequel ils offrent une large palette de services et de produits. La secte ne se présente pas comme un mouvement hostile à la médecine classique mais, de façon plus habile, comme une voie complémentaire pour guérir toutes sortes de maladies. Les adeptes sont conditionnés à croire que le gourou a déjà guéri plusieurs cas de cancer et de Sida.

Selon le discours des dirigeants de Prima Verba, seules les vibrations divines, que les initiés du mouvement font partager aux adeptes, ont le pouvoir d'élever le champ de conscience, dont dépendent la santé et le bonheur.

Pour exercer ses activités guérisseuses, Prima Verba dispose d'un réseau de structures réparties sur l'ensemble du territoire, qui disparaissent et renaissent fréquemment. On compte actuellement une dizaine d'organisations, animées chacune par deux initiés. Elles proposent des séminaires thérapeutiques, des consultations de psychothérapie et des ventes d'élixirs.

Les tarifs pratiqués sont particulièrement élevés :

- les stages et séminaires coûtent de 2.800 à 5.600 francs par personne, pour une ou deux journées ;

- les séances d'harmonie vibratoire sont facturées 3.000 francs les trois ;

- les produits curatifs de tous les maux, y compris le Sida, sont vendus 300 francs le sachet de " poudre alchimique " et 450 francs les 50 gr de " ginseng divinisé ".

L'ensemble des méthodes pseudo-médicales de Prima Verba a été consigné dans un manuel appelé " guérison spirituelle ", écrit par le gourou. Toutes les affections possibles y sont recensées par ordre alphabétique, de l'acné au zona (totalisant 176 affections ou problèmes corporels), chacune assortie d'une phrase divine qu'il convient de prononcer trois fois par jour afin d'enclencher le processus de guérison.

. L'Anthroposophie, déjà évoquée à travers les écoles Steiner, exerce, parallèlement à la pédagogie, d'importantes activités thérapeutiques.

Elle s'appuie, d'une part, sur un important réseau de praticiens, fédérés dans l'Association médicale anthroposophique de France (AMAF), d'autre part, sur plusieurs centres thérapeutiques qui accueillent notamment de jeunes handicapés, enfin sur les laboratoires Weleda, qui emploient environ 180 personnes à la fabrication de produits cosmétiques et diététiques mais aussi de préparations médicamenteuses.

Officiellement, la médecine anthroposophique n'implique pas l'abandon de la médecine traditionnelle. On cite cependant des cas de patients, atteints de leucémie, de troubles neuroleptiques ou de cancer du sein, dont on avait arrêté le traitement médical pour les soigner exclusivement avec des poudres ayant subi des " manipulations spirituelles ", des massages, des tisanes et... le port de maillot de corps en soie (susceptible de guérir le cancer).

. le mouvement du Graal, dont la doctrine est contenue dans l'ouvrage " L'homme malade de la civilisation " écrit par un collectif de médecins, proscrit l'allopathie, les vaccinations et les interventions chirurgicales.

Ses membres, des médecins prétendus homéopathes, animés de la foi en la réincarnation, soignent en effet leurs patients pour la vie future, plutôt que pour la vie actuelle, cette dernière pouvant être sacrifiée dans le but d'une existence meilleure après la mort.

Deux médecins adeptes de ce mouvement ont fait l'objet de sanctions : le premier a été suspendu d'enseignement à l'université de Lille, le second a été radié par le conseil départemental du Nord de l'Ordre des médecins.

. la Fraternité blanche universelle (FBU) contrôle ou a contrôlé la société " Nature and Life ", née en 1998 de la fusion des laboratoires Aqualab, qui fabrique et commercialise du " plasma marin isotonique ", et Phytosun's Aroms, spécialisé dans la recherche, l'élaboration et la commercialisation d'huiles essentielles et de dérivés d'extraits de végétaux.

D'une façon plus générale, un assez grand nombre de sectes, sans exercer véritablement d'activités pseudo-thérapeutiques, intègrent dans l'élévation des adeptes l'objectif d'un mieux-être corporel. C'est notamment le cas de Sukyo Mahikari pour qui la purification de l'esprit - objectif principal du mouvement - va de pair avec celle du corps. À ce titre, des séances de transmission d'énergie concernant toutes les parties du corps sont très régulièrement proposées aux adeptes.

Dans un esprit comparable, les quelque 35 associations Sri Sathya Saï en France, qui pratiquent un culte orientaliste, intègrent des stages de jeûne et de cure, facturés 3.700 francs pour une semaine, et vendent des pendentifs " bio-électriques ". Une autre secte émanant de la même mouvance, Vital Harmony, propose des sessions de relaxation et de remise en forme. Sa fondatrice a créé à cet effet un important centre de soins dans le Loiret.

. Les chefs d'infractions

La plupart de ces pratiques sont susceptibles de tomber sous le coup d'incriminations telles que :

- non-assistance à personne en danger (art. 63 du code pénal) ;

- entrave aux mesures d'assistance et omission de porter secours (art. 223-6 du nouveau code pénal) ;

- exercice illégal de la médecine (art. L. 372 du code de la santé publique) ;

- exercice illégal de la pharmacie (art. L. 511 et L. 514 du code de la santé publique) ;

- publicité mensongère (art. L. 551 et L. 552 du code de la santé publique) ;

- distribution de médicaments sur la voie publique et dans les foires et marchés (art. L. 591 du code de la santé publique) ;

- escroquerie (art. 313-1 du nouveau code pénal).

On est cependant frappé du faible nombre de condamnations prononcées et de procédures judiciaires engagées. La section disciplinaire du Conseil national de l'Ordre des médecins n'a prononcé, en 1997 et 1998, que trois condamnations " en rapport avec des pratiques favorisées par des appartenances sectaires ". L'Ordre indique par ailleurs qu'au cours de la même période, entre 4 et 6 condamnations auraient été prononcées au niveau régional pour le même motif.

Il faut, bien sûr, y voir le fruit de l'opacité des mouvements sectaires, de la peur ou de la honte des victimes, de la peine et de l'incompréhension des familles.

Quelques mesures pourraient peut-être aider à lutter contre les abus en abordant le problème en amont et en donnant aux organismes les mieux à même de piloter les contrôles et les sanctions nécessaires les moyens d'une action régulière et continue.

2.- Les mesures proposées

La Commission entend inciter le ministère chargé de la Santé à renforcer sa politique de vigilance.

Elle entend également que les instances ordinales des professions de santé, et notamment l'Ordre national des médecins, voient leurs responsabilités davantage reconnues.

Enfin, quelques pistes de réflexion sur la réglementation de la santé pourraient être utilement ouvertes.

a) Accroître la vigilance du ministère chargé de la Santé

Pour ce faire, devrait être rapidement mise à l'étude la diffusion, à l'ensemble des services publics et des professionnels de la santé, d'un guide pratique identifiant les points de vulnérabilité aux sectes dans le monde médico-social, décrivant les signes révélateurs de la présence d'une infiltration sectaire et fournissant les instruments d'alerte de l'autorité administrative.

b) Mieux établir les responsabilités des institutions ordinales des professions de Santé

La Commission juge nécessaire :

- que soit mise en place un échange d'informations sur les sanctions disciplinaires et sur les procédures judiciaires en cours entre le ministère chargé de la Santé, le ministère de la Justice et les institutions ordinales des professions de Santé ;

- que l'Ordre national des médecins désigne un représentant auprès de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes.

c) Réfléchir à des aménagements législatifs et réglementaires

La Commission souhaite que son travail d'investigation soit, à l'automne 1999, prolongé par une mission tripartite (Parlement, ministère chargé de la Santé, organismes représentant les professions médicales et paramédicales) en vue d'étudier une procédure d'agrément des dénominations des professions paramédicales et des auxiliaires médicaux, par une commission d'experts qui autorise l'utilisation de titres de thérapies et puisse proposer l'interdiction d'exercice de celles qui ne sont pas agréées.

Il serait également souhaitable de :

- renforcer, dans les études médicales et paramédicales, l'enseignement sur :

. les méthodes d'accompagnement psychologique des malades ;
. la place, le rôle et les limites des professions paramédicales dans la société ;

- développer, dès l'instruction primaire ou secondaire, des cours d'éducation pour la santé, l'hygiène de vie et la compréhension du schéma corporel ;

- mettre en place une procédure d'agrément ou de labellisation pour les associations intervenant dans l'accompagnement et dans l'aide aux personnes hospitalisées ;

- prévoir des modes de suivi thérapeutique destinés à être proposés aux anciens adeptes et les intégrer dans la formation continue des médecins ;

- amplifier, notamment dans le cadre de l'éducation nationale, les campagnes de sensibilisation aux vaccins.

 

Vous retrouverez ce rapport sur le site internet de l'assemblée nationale www.assemblee-nationale.fr

CONCERNANT L'EXERCICE DE LA PSYCHOTHERAPIE : (extrait du rapport 2000, de la mission interministeriellle de lutte contre les sectes, remis le 21 decembre 2000 )

ACCELERER LA MISE EN PLACE D'UNE REGULATION ADMINISTRATIVE ET DEONTOLOGIQUE DES ACTIVITES DE PSYCHOTHERAPEUTE

Il y aurait quinze mille psychothérapeutes en France et ce chiffre pourrait doubler dans les dix années à venir. On estime à plusieurs centaines les différentes techniques de psychothérapie, qui peuvent s'effectuer soit individuellement, soit collectivement, en famille, ou en groupe. Des néo-formations thérapeutiques (surnommées théo-thérapies), généralement d'inspiration religieuse, se multiplient aujourd'hui à un rythme effréné.

Le foisonnement de cette discipline a son revers de médaille. Il n'existe aucun statut régissant ce métier en vogue, aucune habilitation particulière à le pratiquer. N'importe qui peut s'improviser psychothérapeute sans se mettre en infraction. Médecins, psychiatres, psychologues et non diplômés cohabitent, ayant normalement pour point commun d'avoir effectué un travail de psychothérapie personnelle, équivalent à une initiation qui leur permet d'être reconnus par leurs pairs. Certains n'ont qu'un savoir théorique ou universitaire, considéré comme insuffisant à la pratique de la psychothérapie. D'autres pratiquent sans aucune formation spécifique, sur le seul critère de leur propre travail sur eux-mêmes. D'autres encore n'ont ni connaissance théorique, ni expérience pratique.

Rien n'étant obligatoire, les charlatans peuvent pratiquer sans contrainte. Beaucoup de témoignages informent sur les abus de professionnels fantaisistes qui ont conduit leurs patients dans des situations de détresse. Le public ne sait rien ni du praticien ni de ce qu'il lui vend. Aussi découvre-t-on aujourd'hui des cas " d'errance thérapeutiques ", c'est-à-dire de patients en mal de guérison qui passent d'un psychothérapeute à un autre, espérant toujours trouver la " perle rare " qui les libérera de leurs angoisses et les conduira à l'épanouissement personnel.

Le problème, en soi, pourrait ne pas concerner la Mission. Cependant, des faits ont attiré son attention : parmi les innombrables courants de psychothérapie, et plus particulièrement dans les néo-formations, certaines pratiques sont structurellement comparables à celles dénoncées dans les groupes à dérive sectaire. Certaines dérives déontologiques mènent à la dépendance du patient, à une influence prépondérante du psychothérapeute, à une rupture avec la famille, le conjoint ou les amis, et proposent une nouvelle vision du monde au risque de désocialiser le patient. La Mission partage donc avec l'essentiel du milieu psychothérapeutique le souci de mettre au point des garde-fous.

Les nouvelles thérapies et la spiritualité New-Age, toutes deux développées dans les années 70, se sont mélangées et ont donné naissance à un courant de psychothérapie dans lequel le Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie (SNPPsy) reconnaît qu'il arrive que soient mobilisés "les sentiments de lien et de manque inhérents à la nature humaine pour resserrer des adeptes autour d'un gourou dans un groupe plus ou moins fermé, plus ou moins secret qui fait office de famille marginale ou de matrice maternelle" (Yves Lefebvre). Ce type d'enfermement est loin de favoriser le libre-arbitre et l'autonomie des individus au coeur de la mission d'une psychothérapie. Elle revient à profiter du besoin du thérapisant à idéaliser son thérapeute et représente en cela un exemple de dérive sectaire thérapeutique. Il faut cependant attirer l'attention sur l'existence d'effets négatifs dans environ 10% des thérapies. Ces effets apparaissent chez des patients ayant différents diagnostics, traités avec des psychothérapies d'orientations théoriques différentes, appliquées selon des modalités distinctes. Ces effets ne doivent nullement être confondus avec ceux engendrés par une mauvaise pratique de la psychothérapie.

Plusieurs éléments expliquent pourquoi la psychothérapie peut connaître en son sein des dérives de type sectaire. A écouter d'anciens patients, on constate qu'elle touche un public qui a soif de se transformer, de s'améliorer, de ne plus souffrir et qui se place dans ce but sous le pouvoir imaginaire du thérapeute, comparable alors à une sorte de magicien. Pendant le traitement, les relations parentales sont abordées et remises en cause. Le patient vit des moments de souffrance qu'il parvient à dédramatiser grâce à la chaleur, l'écoute, le contact avec les autres, lorsqu'il s'agit d'une thérapie de groupe, et, en tout cas, grâce au soutien, à la présence, à l'écoute du psychothérapeute. Point d'ombre : l'argent, parfois considéré comme un frein à l'enthousiasme thérapeutique et vécu comme " une pression manipulatrice ". Quand la thérapie a réussi, on regrette cependant rarement d'avoir investi pour sa personne.

Même public touché, mêmes attentes, mêmes relations au groupe, mêmes moments de souffrance que dans l'engagement sectaire. Seuls les résultats peuvent être diamétralement opposés : la thérapie réussie amène le patient à se sentir sujet, lui apporte confiance et autonomie. Son but est d'aider celui qui y fait appel à trouver sa place dans la société. La secte, au contraire utilise les désirs de bien-être du néophyte, la remise en cause de son entourage, ses phases de souffrance, l'attachement normalement provisoire au groupe et à son fondateur pour en faire un adepte dépendant. Le danger potentiel de la psychothérapie est que le praticien se grise d'être idéalisé par son patient et qu'il s'efforce alors de l'attacher à ce sentiment au lieu de ramener la relation à la réalité le moment venu. Ce type de danger est latent dans certaines nouvelles approches psychothérapeutiques qui visent au " mieux-être " d'individus ne souffrant pas par ailleurs de troubles psychologiques ni de désordres somatiques, et qui s'adressent donc à tout un chacun. Ces pratiques jouent la carte de l'immédiateté des résultats. Il n'est plus alors besoin d'un long retour sur les expériences traumatisantes du passé.

Il arrive qu'elles développent la notion d'autoguérison. Par ailleurs, ancrées dans des courants spirituels, elles peuvent juger inutile la formation du thérapeute, la spiritualité pouvant se transmettre par d'autres biais. Il devient alors légitime de se demander ce qui autorise ce type de démarche à s'autoproclamer psychothérapeutique plutôt que spirituelle, et si le mélange des genres à ce point poussé n'induit pas en erreur le patient potentiel. Il s'agit donc de s'interroger sur les critères qui permettent effectivement à ces thérapies de s'intégrer légitimement dans le paysage de la psychothérapie, et de réfléchir sur les limites de cette intégration.


Pour prévenir les dérives d'une profession qui a montré son utilité sociale de par le nombre imposant de patients qui font appel à ses services, un cadre légal de formation, des règles de jeu et une protection du titre s'imposent.

La Mission se contente ici de reproduire les projets et propositions de loi faites par les psychothérapeutes qui lui semblent pouvoir jouer favorablement dans le sens de sa lutte. Bien que constituée de pratiques extrêmement variées qui participent à la richesse même de cette profession, il n'est cependant pas impossible d'y trouver des éléments fondateurs : connaissances théoriques, travail effectué sur soi-même, instauration d'une relation spécifique, unique, basée sur le respect, entre le patient et le thérapeute, participent à la définition du psychothérapeute. Si certains estiment que la pratique légale de la psychothérapie ne saurait reposer exclusivement sur des diplômes universitaires, tous s'accordent sur l'importance d'une connaissance théorique en psychopathologie, connaissance qui pourrait être sanctionnée par un diplôme universitaire ou par celui d'une école reconnue officiellement pour la qualité de sa formation.

La formation théorique pourrait partir de ce tronc commun, puis se poursuivre par une spécialisation dans l'une des nombreuses écoles de cette discipline. Pour être complète, elle ne pourrait se passer d'une initiation à la pratique psychothérapique, qui de l'avis de nombreux psychothérapeutes, signerait l'acceptation par les pairs d'un nouveau psychothérapeute.

L'existence d'une formation, quels qu'en soient le continu et la forme retenus, serait un premier élément fondamental de prévention contre les abus de l'utilisation du titre de psychothérapeute, et participerait par conséquent à la protection du public.

Le respect d'une éthique, d'une déontologie instituée par ce corps professionnel est un deuxième élément constitutif de la lutte contre les dérives. On constate en effet qu'aujourd'hui, très peu de psychothérapeutes sont affiliés à un syndicat qui, en l'absence de tout autre cadre structurant, est encore la seule instance régulatrice de la profession. Des plaintes promulguées parfois à l'encontre de certains membres syndiqués montrent cependant l'insuffisance de cette structure. Il n'en demeure pas moins que la majorité des psychothérapeutes - inscrits comme tels dans les annuaires professionnels notamment - exercent dans l'indépendance et la liberté la plus complète, sans pouvoir faire l'objet d'aucun contrôle.

On pourrait imaginer la création d'une sorte d'ordre, ou de fédération des associations, suffisamment pluraliste pour que toutes les écoles s'y retrouvent et dont l'inscription impliquerait l'acceptation d'un code éthique. Le non respect des règles déontologiques y serait sanctionné par des avertissements, des blâmes, voire par l'exclusion. Cette instance pourrait trouver une partie de son inspiration dans le code de déontologie des psychologues, qui avait été initié pour des raisons similaires à celles qui alertent aujourd'hui le milieu de la psychothérapie. C'est-à-dire, en particulier, pour "sauvegarder les usagers et la société des abus et mésusages de la psychologie" et "définir les limites face aux demandes sociales, du fait même de la demande de résolution magique des problèmes personnels".

Cette suggestion, faite par des psychothérapeutes eux-mêmes, est au moins aussi importante que la première dans l'optique de la lutte contre les sectes. Celles-ci en effet se développent d'autant plus dangereusement qu'aucune vigilance ne s'exerce sur elles dans ce domaine sensible. La meilleure prévention contre ce phénomène consisterait en la mise en place d'instances de contrôle qui auraient pour premier effet de repérer les psychothérapeutes individuels ou les groupes critiqués pour leur manquement déontologique. et de surveiller leurs pratiques.

Il conviendrait enfin de garantir les droits du patient et, de définir une sorte de contrat dont l'acceptation mutuelle ouvrirait, le cas échéant, la possibilité de recours. Ce contrat pourrait préciser la nature du processus thérapeutique envisagé, sa durée approximative et son coût, global ou par séance. On sait en effet que les dérives les plus dangereuses se réalisent lorsqu'il n'existe aucun garde-fou.


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